« Ensemble pour construire une stratégie nationale et internationale pour la résistance populaire afin d’en finir avec la colonisation et l’apartheid »
Ce rendez-vous était le fruit du travail acharné, durant de longs mois, de leaders de la résistance populaire issus du Comité de coordination de la lutte populaire (PSCC) et de Stop the wall (STW) et de comités indépendants avec un objectif clair : après des années difficiles dues à une répression féroce et à une trop grande dispersion, s’unir afin de déterminer une stratégie commune, d’aider les comités parfois isolés, de renforcer les liens avec le mouvement de solidarité.
Des années de rapprochement des différentes composantes de la résistance populaire depuis 2013, des mois de construction d’un comité d’organisation composés de personnalité issus du PSCC, de STW ou de comités indépendants : au final une équipe soudée, rejointe dans la dernière ligne droite par la Commission de l’OLP de résistance au mur et à la colonisation.
Comme annoncé, une délégation de l’AFPS s’est rendue à Al Farah dont son président et sa vice-présidente.
Environ 150 personnes d’une grosse vingtaine de comités populaires participaient à cette conférence, des comités de résistance populaire de Tulkarem, Bil’in, Nil’In, Al-Masara, Naplouse, Burin, Nabi Saleh, Bethléem, Hébron, Yatta, de la Vallée du Jourdain…
Environ 80 « internationaux » étaient présents : Espagnols, Italiens, Français, Écossais, Anglais, Coréens…
– La première journée était consacrée à une séance de prises de paroles très formelle de politiques, puis à des tables rondes sur la perception de la résistance populaire par les politiques et sur la solidarité internationale.
– La deuxième journée, la plus importante pour les organisateurs - était consacrée à des ateliers pour construire la stratégie de la résistance populaire et de soutien international : place des femmes dans la résistance populaire, quelles actions pour la résistance populaire, le droit international, BDS.
L’AFPS a participé à l’ensemble des ateliers et à la table ronde sur la solidarité internationale.
– Le troisième jour de la Conférence était consacré à une « activité populaire » qui consistait à investir symboliquement un avant-poste (colonie sauvage, considérée comme illégale y compris par Israël) dans la région de Tubas et à y dresser le drapeau palestinien. Jamais une telle action n’avait été menée selon nos partenaires. Plus d’une centaine de personnes y ont participé, dont beaucoup de participants à la conférence, de nombreux « internationaux » et des Israéliens anticolonialistes, essentiels dans leur fonction de protection, des photographes de presse palestiniens et des secouristes.
Cette action s’inscrit dans les nouvelles formes de luttes initiées en 2013 avec l’installation du village de tentes de Bab al Shams en 2013 dans la zone E1 à l’Est de Jérusalem. Elles visent non seulement à protester mais à montrer la détermination des Palestiniens à réinvestir la terre volée. Action symbolique, couronnée de succès : le drapeau palestinien a flotté sur un baraquement de cet avant-poste tenu par des colons fanatiques.
Cette action a aussi été l’occasion de prendre la mesure de l’acharnement de l’armée israélienne contre la résistance palestinienne. Prise par surprise, elle n’est arrivée qu’au moment de la dispersion. Plus d’une vingtaine de personnes ont été arrêtées et conduites au poste de police d’Ariel pour y être interroger avant d’être relâchées. Parmi elles, 9 internationaux dont 5 français, des anticolonialistes israéliens, des Palestiniens, les chauffeurs de bus. A noter un fait d’une extrême gravité : tous les journalistes et photographes qui couvraient l’événement ont été arrêtés. Ils ont été libérés mais leur matériel a été confisqué. Le droit à l’information, comme tant d’autres, est foulé aux pieds par Israël.
La forte présence d’internationaux et d’Israéliens anticolonialistes a permis d’empêcher l’arrestation de plusieurs Palestiniens. Pendant plusieurs heures l’armée d’occupation s’est déployée dans le secteur en vain.
Dans les jours qui ont suivi, l’armée d’occupation a mis en place des points de contrôle volants afin de tenter d’arrêter des personnes ayant participé à l’action. C’est dans ce cadre, qu’un défenseur des droits de l’homme de B’Tselem présent pour rendre compte du comportement de l’armée sur le terrain, a été arrêté, torturé et interrogé, avant d’être finalement libéré.
La résistance populaire sort renforcée de cette conférence. Le comité d’organisation est plus déterminé que jamais à avancer dans l’unité malgré les tentatives de division inhérentes à toute société où la volonté de contrôle des pouvoirs n’est malheureusement pas absente.
La première marche vers la construction de cette stratégie nationale et internationale a été franchie avec succès. Reste à concrétiser les travaux des différentes commissions, à continuer le travail avec les comités pour que tous se l’approprient. D’où elle est l’AFPS accompagnera et continuera à soutenir la résistance populaire palestinienne.